Entreprise et salariés, je t’aime moi non plus
Abandon de poste, salariés boomerang, no show après embauche, il va falloir composer avec cette nouvelle donne. C’en est fini du salarié d’une fidélité légendaire, celui qui respecte scrupuleusement les procédures, celui qui, à l’instar des sujets de l’empereur du Japon, se présente devant sa hiérarchie avec “stupeur et tremblements.” Terminé.
Il part et revient, le salarié boomerang
Les rapports qu’entretiennent les salariés avec leur entreprise ont considérablement évolué. Ainsi voit-on naître de nouveaux comportements à l’instar des salariés “boomerang”. L’expression désigne un collaborateur qui réintègre une entreprise après l’avoir quittée et vécu une ou plusieurs expériences professionnelles hors de celle-ci.
Ce retour au bercail serait de plus en plus fréquent. Alors bien sûr, il ne faut pas avoir vécu le départ du salarié comme une trahison, il convient de dépasser cette réaction qui est du ressort de l’affect et de rester pragmatique. Si tant est que le salarié boomerang était autrefois apprécié pour ses compétences professionnelles, son retour peut-être une aubaine pour l’entreprise.
En effet, un salarié boomerang revient avec de nouvelles compétences, une autre culture, tout en connaissant parfaitement les codes de la maison, ce qui lui permet d’être très rapidement opérationnel. Que du positif. De surcroît, s’il souhaite ré-intégrer une entreprise qu’il connaît déjà, ce n’est certainement pas par masochisme, tout porte à croire donc qu’il y était heureux et qu’il ne repartira pas de sitôt !
La lettre d’embauche est signée et personne ne vient… le no show
Certains secteurs d’activité connaissent bien ce problème en plein essor : le “no-show”, en français dans le texte, la non présentation d’un candidat nouvellement embauché au jour de son entrée en fonction. Dans les faits, l’entreprise confirme l’embauche au terme d’un processus de recrutement et puis plus rien. L’heureux élu, la perle rare, voire le mouton à 5 pattes (le célèbre) joue la fille de l’air… Envolé !
C’est un autre exemple de distorsion du rapport entre l’entreprise et le salarié. Ce dernier n’hésite plus à remettre en question son engagement vis à vis d’une entreprise. Il s’agit pour lui de ne pas rater une autre occasion d’emploi peut-être plus intéressante, qui sait ? Un comportement qui peut-être qualifié de diva, mais il faut composer avec.
Si le recours auprès du tribunal des Prud’hommes est possible, l’image n’est guère positive pour la marque employeur de l’entreprise. En tout état de cause, le Code du Travail permet de mettre fin à un contrat à tout moment pendant la période d’essai. Alors quitte à choisir…
L’abandon de poste ou “ghosting”
Last but not least dans cette présentation des pratiques en hausse : l’abandon de poste du jour au lendemain, une tendance qui elle aussi tend à se banaliser. Le phénomène a été baptisé gosthing par les américains en référence aux salariés fantômes qui s’évanouissent dans la nature et se rendent injoignables… Encore une conséquence des tensions sur le marché de l’emploi dans certains secteurs d’activité.
En France, selon le site Cadremploi et l’Ifop, 6 cadres sur 10 envisagent de démissionner et ils seraient 74% chez les 18-34 ans, ceux-là mêmes qui sont les plus enclins à faire fi des procédures et des engagements. Quand on sait que, contrairement aux idées reçues, le licenciement pour faute donne droit aux indemnités chômage… Il y a fort à parier que le ghosting se développe.
Entre l’abandon de poste, le no show après embauche et le phénomène des salariés boomerang, les relations entre l’entreprise et ses collaborateurs ressemblent de plus en plus à un mariage à l’italienne. Pour éviter autant que faire se peut cette situation de portes qui claquent et de “je t’aime moi non plus”, il devient impératif pour toutes les structures de soigner leur marque employeur et de bichonner leurs salariés !